CODATU : pour une mobilité durable sans frontières

De Rio de Janeiro à l’Etat indien du Kerala, l’association Coopération pour le développement et l’amélioration des transports urbains (CODATU) accompagne des projets de mobilité urbaine durable dans les pays dits en développement. Portrait.
Un tour du monde de la mobilité urbaine
Dakar, 1980. A l’occasion de la Conférence mondiale sur les transports urbains, l’association CODATU voit le jour. Sa vocation : promouvoir, au travers de conférences, de coopérations et d’un échange d’expériences entre pays en développement et plus anciennement industrialisés, les politiques de mobilité durable.
Près de quatre décennies plus tard, les défis liés aux mobilités semblent décuplés (congestion, santé publique, sécurité, emploi, etc.) , dans des villes qui concentrent plus de 50% de la population mondiale (70% d’ici 2050) et sont responsables de 75% des émissions de CO2. Les missions de l’association, qui regroupe une cinquantaine d’organisations membres*, une dizaine de salariés permanents et des volontaires partout dans le monde, ont quant à elles été élargies : outre le partage de connaissances et d’expériences (conférence mondiale bisannuelle, séminaires, publications et expertises, etc.), CODATU anime ces dernières années des coopérations techniques, avec le soutien de l’Agence française de développement.
A Kochi, dans l’Etat du Kerala (Inde), CODATU a ainsi travaillé avec les autorités locales à l’intégration urbaine et multimodale du métro ainsi qu’à la création de projets-pilotes : la constitution d’un corridor piétonnier d’1km et d’une piste cyclable, la restructuration d’une intersection stratégique et dangereuse ou encore la création de journées sans voiture.
Marion Hoyez, chargée de projets à CODATU, explique : « la première année sur place est généralement consacrée à l’élaboration de diagnostics, à partir notamment d’ateliers participatifs. Ensuite, des chantiers prioritaires sont identifiés et des projets-pilotes mis en œuvre ». L’un des principaux apports de CODATU ? « L’appui à la gouvernance et à la structuration institutionnelle des transports », note Marion Hoyez, qui poursuit « il n’existe parfois pas d’autorité unique des transports, ce qui fragmente l’écosystème des mobilités et fragilise donc l’intermodalité. Il s’agit aussi de veiller à l’intégration des transports aux autres politiques de la ville, en lien avec les agences d’urbanisme ».
Le partenariat Mobilise Your City
CODATU assure le secrétariat technique de Mobilise Your City, un partenariat international soutenu par la Commission technique qui accompagne les gouvernements nationaux et locaux des pays en développement dans la planification de la mobilité urbaine soutenable via trois axes :
La mise en œuvre de Politiques nationales de mobilité urbaine (PNMU)
Le développement de plans de mobilité urbaine soutenable (PMUS) au niveau local
L’établissement de schémas de financement
Pour Marion Hoyez, l’objectif de cette initiative est ainsi de créer l’équivalent de « Plans de déplacement urbains (PDU) facilement actionnables » pour les territoires.
Marion Hoyez souligne également une forte appétence pour le numérique dans des pays où « les réticences et les règlementations vis-à-vis des technologies sont souvent moindres que dans nos contrées, et où le taux de pénétration de la téléphonie mobile est parfois plus élevé. Pour autant, cette transition numérique des mobilités doit être raisonnée, afin que les villes ne s’engagent pas sur des technologies qui se révéleraient sur le long terme inadaptées à leurs besoins».
Central do Brasil, hub carioca de la mobilité
Depuis 2017 , CODATU anime notamment une coopération technique dans les Etats de Rio et de Sao Paulo qui fera l’objet d’un atelier à inOut. A Rio de Janeiro, cette coopération concerne « Central do Brasil », un hub situé en plein centre-ville de Rio qui accueille chaque jour 600 000 à 800 000 voyageurs transitant entre les trains de banlieue, le métro, les bus et le tramway.
Croquis – Perspective sur Central Do Brasil – Egis-Arep
Lieu emblématique de la cité carioca, ce hub est confronté à certaines difficultés : adossée à une favela, la zone est plus un lieu de passage que de vie pour des raisons de sécurité. De plus, chaque mode de transport est exploité par un opérateur différent, ce qui ne permet pas d’assurer l’intermodalité. Partant de ces constats, les partenaires du projet prévoient, en complément des travaux d’ingénierie assurés par le groupement Egis-Arep, des actions de court terme, low-tech (installation de « totems », information papier) associées à des dispositifs d’informations dynamiques (écrans multimodaux) et d’interactions numériques, à partir des technologies Bluetooth ou Wifi. Leurs objectifs : optimiser l’information voyageur, rendre le réseau de transport transparent et revaloriser les transports en communs par rapport à la voiture solo.
Pour en savoir plus sur les avancées de ce projet, rendez-vous à inOut en mars 2019.
* Exploitants de réseau, collectivités, industriels, réseaux de ville
Publié le 19 novembre 2018
Rejoignez l'expérience inOut
Du 14 au 17 mai 2020, rendez-vous à Rennes pour explorer les nouvelles mobilités.